Article de Ouest France de ce jour :
Nantes, ton public fout le camp
Contexte économique morose, hausse des tarifs des abonnements, pauvreté du spectacle. La politique de la chaise vide fait des émules à la Beaujoire.Dimanche, le froid et l'horaire improbable de la rencontre opposant le FC Nantes à Nancy (17 h) ne devraient pas avoir raison des plus fervents supporters. Les puristes considéreront avec un intérêt relatif cette confrontation entre le 16e et le 15e du championnat, même si l'un des protagonistes s'exporte aussi sur les pelouses du Vieux Continent. Mais Nancy a beau représenter le football hexagonal en coupe de l'UEFA, l'argument n'infléchira pas la décision des déserteurs. Pour éviter que la Beaujoire ne sonne le creux, le FC Nantes a anticipé les réticences et propose une offre à 5 € dans toutes les tribunes pour les scolaires, les lycéens et les étudiants.
Le club estime à 20 000 le nombre de spectateurs qui assisteront au match. Revendiquant aujourd'hui 12 000 abonnés (Waldemar Kita en espérait 19 000 en début de saison), il n'échappe pas à une certaine forme de récession. Alors que Marseille, Paris, Bordeaux et Lyon attirent davantage de spectateurs que la saison passée, une certaine érosion affecte les travées de la Beaujoire. Cette saison, pour la première fois depuis des lustres, l'affluence est déjà passée à deux reprises sous la barre des 20 000 spectateurs, (Valenciennes 19 772 et Toulouse 18 293). La hausse inconsidérée du prix des abonnements a fait tousser dans les rangs des supporters. Même chez les plus conciliants. « On ressent une forme de désaffection. L'engouement est moindre. Désormais, certains s'abstiennent et privilégient la famille au football. Mis bout à bout, le spectacle, la programmation des matches, les résultats et la politique tarifaire expliquent la baisse de l'affluence », affirme Jacques D'Haese, président de l'historique association Allez Nantes Canaris.
Le syndrome BlazevicDu côté de la Brigade Loire, le discours est évidemment plus radical. Le retour en Ligue 1 s'est accompagné d'une hausse comprise entre 30 et 40 % du prix des abonnements. « Une carte en tribune Loire nous revenait à 119 € l'année de la descente, à 80 € la saison dernière en Ligue 2. Cette année, le tarif est passé à 151 €, proteste Romuald, le porte-parole du groupe. Chez nous, on assiste à un phénomène nouveau : certains membres de la Brigade passent la journée avec nous, préparent l'animation et se réfugient dans un bar à proximité de la Beaujoire pour voir le match. Ils nous retrouvent à l'issue de la rencontre. La principale raison de ce désamour tient dans la politique tarifaire. Aujourd'hui, le club considère le spectateur comme un client. Aujourd'hui, on voit parfois des tribunes latérales désertes. On se croirait revenu au temps de Miroslav Blazevic en 1991-1992. »
Une version battue en brèche par l'actuelle direction, qui évoque davantage la conjoncture économique que la politique tarifaire pratiquée à l'occasion des retrouvailles avec l'élite. « Les temps de crise n'incitent pas les gens à aller au stade, commente sobrement Pascal Praud. Les Nantais sont amoureux du beau jeu, du spectacle, ils manifestent aujourd'hui une part de déception. Les résultats ne sont pas au top et freinent leur enthousiasme. »
Et l'augmentation exponentielle du prix des abonnements ? « En fin de saison, on n'échappera pas à une analyse très précise de la politique tarifaire et nous en tirerons les conséquences », assure le directeur général délégué du FC Nantes.
Au moment d'accueillir les Lorrains, le FC Nantes occupe la 16e place du classement de Ligue 1. Il siège aussi parmi les cancres en terme de taux de remplissage. Les 38 004 places du stade Louis Fonteneau n'affichent qu'un taux de remplissage de 68 %, ce qui le place au 15e rang national. La moyenne de spectateurs reste honorable (25 848 cette saison, 30 159 en 2006-2007, année de la descente en Ligue 2), ce qui place l'octuple champion de France au 6e rang national, derrière les incontournables (Marseille, PSG, OL, Saint-Étienne et Bordeaux). Mais, en terme de popularité, deux poids lourds ont déjà rendu visite aux Canaris : les Verts et l'OM. Paris, Lyon Bordeaux et Rennes devraient aussi dégager des recettes substantielles. Mais Grenoble, Sochaux, Le Havre ou Auxerre n'ont pas encore mis les pieds à la Beaujoire.
L. F.